L’être humain devant son destin

Comme tous les êtres vivants, nos actes individuels sont liés à notre destin collectif par le lien indéfectible des conséquences. Une loi qui assure à la nature d’avoir toujours le dernier mot dans sa pédagogie évolutive. S’adapter ou disparaître. Je ne connais pas une seule personne qui mettrait sa main au feu pour me prouver le contraire. Pourtant, personne ne retire sa main du feu, bien mieux, d’une main nous ajoutons au feu, alors que l’autre est en train de cuire.

Crise climatique, extinction des espèces, épidémie, retour aux guerres les plus cruelles du vingtième siècle, rien n’y fait. Beaucoup placent leur espérance dans de fausses solutions évidemment vouées à l’échec, par exemple, replacer le parc des automobiles à explosion par un parc d’automobiles électriques sur la même trajectoire de croissance infinie. Qui est à ce point faible en intelligence pour ne pas voir l’impasse?

La grande majorité des enfants de dix ou douze ans n’arrivent pas à saisir pourquoi des évidences aussi simples n’arrivent pas à prendre racine dans la tête de leurs parents. Que se passe-t-il entre l’enfance et l’âge adulte qui provoque cette chute extraordinaire de l’intelligence la plus primaire? Cette question a été étudiée dans en philosophie, en psychologie, en sociologie, en anthropologie, en économie politique et pourtant, personne ne s’intéresse à ce passage de la sagesse primaire à l’idiotie collective généralisée.

Nous sommes en train de répondre à l’examen prévu par le Conseil scolaire de la nature. Attention aux mauvaises réponses. Si nous ne sommes pas promus, la nature misera sur une autre espèce.

On me demande souvent pourquoi je suis optimiste sur le long terme et pessimiste sur le court terme, pourquoi je continue à miser sur l’espèce humaine, alors que les coquerelles ont de bien meilleures chances? Je reviens toujours à la même réponse : la nature mise sur la conscience, donc je mise sur la conscience. C’est pourquoi je me fâche contre nos actes économiques bêtement mimétiques et mets tout mon amour à allumer de petites bougies pour faciliter la fluidité de la conscience dans sa traversée du dédale des pièges sociaux et mentaux dressés par nos peurs inconscientes et notre angoisse existentielle. 

Gandhi devant Poutine 3

On peut facilement rire de Gandhi. Le trouver utopique. Mais actuellement on préfère armer l’Ukraine, faire la guerre avec le sang des autres parce que l’on a pas le courage de Gandhi. La méthode de Gandhi exigerait une grève totale de la consommation de tous les produits qui nourrissent le dictateur, en premier le pétrole et le gaz. On dit que cela aurait trop d’inconvénients! La tuerie et la destruction en Ukraine ne sont-elles pas un « inconvénient » ? Surtout si l’on considère que le moindre territoire cédé au dictateur pave le chemin d’une autre guerre.

On me dira que c’est « leur » guerre, alors qu’ils fournissent le sang et nous, les armes. Retour des méthodes de la Guerre froide,

Mais c’est Faux! C’est notre guerre, c’est la guerre de la démocratie contre un dictateur qui attaque sans merci et sans la moindre humanité un peuple démocratique. Le principe de UE, de l’OTAN et de toute démocratie devrait être clair et simple : lorsqu’un dictateur utilise l’armée et les ressources militaires du pays qu’il parasite pour attaquer une démocratie, les démocraties devraient s’unir pour couper tout lien économique avec ce dictateur.

Tableau de Michel Casavant

La mondialisation économique a été pensée, entre autres, pour bloquer les guerres militaires par une rupture des liens économiques. Il s’agissait de produire tellement d’interdépendance que toute rupture de solidarité serait extrêmement néfaste. Élever la force de l’argent au-dessus de la force des armes (logique puisque les armes coûtent cher). Le système est actuellement solidement en place. Si une fois qu’il faudrait l’utiliser, on tergiverse à cause des sacrifices qu’il faudrait faire, alors qu’on se prépare au pire.

La guerre d’Ukraine est un test : ou c’est l’escalade de la barbarie ou c’est la transition vers l’arme de la solidarité imaginée par Gandhi. Un blocus économique n’est pas une sinécure, c’est même beaucoup de sacrifices, mais c’est certainement mieux qu’un conflit cruel et destructeur comme celui de l’Ukraine.

Si nous n’arrêtons pas Poutine, comment arrêterons-nous Xi Jinping?

Les décideurs démocratiques disent craindre que la population ne suive pas. Stratégiquement, cela les place sur la réserve alors que le dictateur ne craint pas sa population, il la méprise. C’est pourquoi je pense qu’il appartient à la société civile, chacun de nous, de tenter de faire voir à nos amis qu’il est souvent nécessaire de sacrifier un certain confort pour en conserver un autre plus juste et plus durable.