Une éco-communauté n’est pas un groupe qui vise uniquement le développement personnel de ses membres, auquel cas, elle ne serait pas une éco-communauté, mais un « groupe de vie ». L’écologie procède d’une logique différente, le groupe :
- est conscient d’appartenir à un écosystème global (biologique, social, culturel, politique, économique…) en sérieuse difficulté;
- il vise l’équilibre de tout l’écosystème, sa durée, son adaptation, son évolution vers plus de diversité, plus de complexité et plus de sens afin que tous les vivants qui y participent trouvent leur place et se développent au mieux;
- il pratique une logique systémique ouverte sur des systèmes plus grands, plus englobants, avec lesquels il a des rapports vitaux (systèmes de contraintes, d’opportunités, de sens).
Une éco-communauté naît donc avec le sentiment d’une mission interne et externe d’amélioration des conditions de développement pour chacun et pour l’ensemble de la communauté environnante. Cette mission générale, elle la précisera, elle la spécifiera, elle la particularisera selon son intention et cela se reflétera dans sa constitution et dans sa mission.
Malgré cela, chacun de ses membres aura une vision particulière de cette constitution et de cette mission, l’un rêvera d’une communauté de partage où le développement psychospirituel constitue le moteur, l’autre mettra l’accent sur le militantisme, un autre, sur l’autosuffisance alimentaire, un autre, sur la protection de zones écologiques… À cela s’ajoutera la complexité des idéologies (système d’idées qui se nourrit lui-même parce qu’il n’est ni relié aux faits par la science, ni relié à une discussion critique par l’ouverture, ni relié à une expérience intérieure authentique par la spiritualité).
Devant cela, on peut éprouver la tentation de rechercher un dénominateur commun. Sur cette route, on risque d’arriver au plus petit dénominateur commun, ce qui pourrait se traduire en une sorte d’homogénéisation des perspectives. Je ne crois pas que ce soit une stratégie particulièrement écologique. Le propre de l’écologie est la diversité, mais une diversité en interactions ouvertes, en dialogues pratiques reliés à des enjeux concrets de survie, d’adaptation, d’évolution et de recherche de sens.
Le « plus grand multiple créatif » est une route plus difficile, il s’agit de s’engager dans une mission commune en profitant de la fécondité d’une diversité de visions en dialogue ouvert les unes avec les autres et aussi en résonnance avec l’ensemble de la communauté des vivants qui forment l’éco-communauté. L’accent n’est plus mis seulement sur la valeur des visions, mais sur la valeur des relations. Non pas que les visions sont peu importantes, au contraire, elles sont si importantes qu’elles méritent de vivre et de se développer dans une écologie de relations acceptantes, valorisantes, respectueuses et capables de complémentarité.