Retour sur la question

On l’a vu, l’être humain peut devenir une véritable bête dangereuse surtout lorsqu’il entre en résonance avec un public et déclenche un délire collectif meurtrier. En cela, il peut être aidé par les algorithmes des médias sociaux favorables à de tels délires. Mais l’être humain peut aussi devenir lucide, compatissant et solidaire, voler au secours d’autrui avec désintéressement et sagesse. Discriminer entre la folie et l’équilibre mental est absolument nécessaire pour la survie de nos démocraties encore tellement chancelantes.

Nous écoutons aujourd’hui certains discours de Lénine, de Hitler, de Mussolini, et nous sommes abasourdis : par quelle mystification une masse importante de la population a-t-elle perdu sa capacité à reconnaître une pure folie meurtrière si évidente? Aujourd’hui, par quel processus, les Vladimir Poutine et les Donald Trump de ce monde peuvent-ils séduire alors que leurs mensonges sont patents et criants comme une éclipse totale du soleil? Nous voyons parfois en direct la résonance entre un mystificateur de foules et un rassemblement euphorique et nous sommes décontenancés devant tant de naïveté et d’adhésion. D’autres, comme Xi Jinping, sont aussi froids que Staline, manifestement insensibles aux souffrances humaines, et devant eux, l’assemblée fait des oui oui de la tête sur des mesures aux conséquences inévitablement dramatiques. Et que dire de nos multimilliardaires qui pompent l’imaginaire mondial pour la grande migration de l’humanité dans leur rêve collectif de « réalité augmentée » contrôlée pour leurs profits!

Je crois qu’à l’étape où nous sommes, il nous faut apprendre à discriminer entre le sain et le dément. À bonne distance, la chose est si facile. 

Pastel de Pierre Lussier

Le propre du fou est de se couper de la réalité et donc de devenir aveugle aux conséquences de ses actes. Ensuite, ses délires l’entraînent à produire ce dont il a peur. A-t-il peur de la mort, il tue. A-t-il peur de la torture? Il torture. A-t-il peur d’être victime d’un deuxième génocide? Il en commet un. A-t-il peur de l’angoisse? Il se fuit lui-même en tombant dans les délires de la consommation programmée. A-t-il peur de la simple réalité? Il déménage tout le monde dans ses chimères. 

Le sain d’esprit ouvre les yeux sur la forêt, les mers, les montagnes et les glaciers. Il tente de comprendre les exigences de la vie biologique et ensuite de la vie sociale. Il cherche à voir et à comprendre les conséquences de ses actes personnels et des actes collectifs auxquels il participe volontairement ou non.

Abandonnez un groupe de fous et un groupe de sains d’esprit sur deux îles similaires à bonne distance l’une de l’autre, tous les deux avec une même technologie rudimentaire, en quelques générations, les fous auront détruit leur île, les sains d’esprit l’auront aménagée pour la meilleure harmonie possible. Et pourtant, si les fous trouvent le moyen d’atteindre l’île des sains d’esprit, ce sera le carnage et les deux îles seront perdues.

La folie est l’art de perdre dans la réalité ce que l’on croit gagner sur la réalité.

C’est facile à comprendre dans un tel scénario justement fictif, mais dans la réalité, personne n’est totalement sain d’esprit et les plus délirants ne sont pas les moins intelligents, loin de là. Et si la violence s’en mêle, automatiquement les délirants attaqueront les sains d’esprit, et ceux-ci devront se défendre sans entrer dans le délire, et là, on n’est plus dans le facile, on est même dans le très difficile.

2 réflexions sur “Retour sur la question

  1. J’ai tellement aimé ce texte que je ne peux faire autrement que de t’en remercier !

    Permets-moi d’ajouter que ton esprit m’apparaît merveilleusement sain et limpide dans sa transmission ! Dieu soit loué pour ce cadeau que je reçois aujourd’hui de ta part !

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